Laure
Maugeais

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Portfolio

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J'ai des choses à dire à mes enfants

L’artiste réalise son projet auprès de résidents d’un Ehpad, dans une unité spécialisée pour des personnes ayant des troubles cognitifs voire neurodégénératifs. Alors que tantôt elle met en place des sorties et des ateliers (pendant la pandémie Covid) tantôt c’est dans l’espace individualisé que le projet se déploiera, dans des temps plus informels.

La non-action et le silence sont la source essentielle du travail de Laure, le moyen ultime d’être en lien avec l’autre (humain, plante, forêt…).

Dans ce projet, elle a choisi de revenir à deux fondamentaux: écrire avec la lumière et prendre le temps. L’idée principale est celle de coopérer avec le monde dans lequel on évolue. D’une part, les UV, le Soleil et donc la lumière fait partie intégrante de la démarche. Et d’autre part, l’utilisation de la chambre photographique lors de ses recherches en montagne est signifiant de la lenteur cérébrale. Ainsi donc au sein de l’établissement hospitalier, sont réalisées des empreintes végétales (2D adaptées aux troubles neuro qu’ils vivent). Ces images apparaissent sous l’effet des UV et par réciprocité disparaissent aussi au contact des UV. Comme la mémoire, les plantes apparaissent et disparaissent; et plus largement comme le Vivant au sens large. C’est alors aussi chacun sa lumière intérieure qui est révélée.

Pour créer cette série de portraits, l’artiste a inventé un dispositif inspirée de l’approche Snoezelen. Cette installation s’inscrit dans une démarche d’accompagnement, une position d’écoute permettant de créer du lien individualisé dans une ambiance contenante de sécurité sensorielle et psychologique. L’appui sonore qu’elle a choisi est celui de la forêt, l’ambiance visuelle est déposée par des lumières « fluo », du spectre de la lumière (de l’arc en ciel) qu’elle va utiliser de façon totale dans sa création.

Flashs et gélatines de couleur tels des flashs de mémoire, des couleurs du vivant qui résonnent avec les empreintes des plantes, de la forêt et du monde environnant. La manifestation de la lumière matérialise la forme « lumen naturae » . Ici, art, science optique et science cognitive sont associés au service du Vivant, du retour à Soi et de la relation à l’Autre. En questionnant les mémoires, ce qu’elle va toucher du bout des doigts, ce n’est pas seulement une mémoire psychique, savante ou intellectuelle: c’est une mémoire qui appartient au mystère, au monde sensitif. Et, même si les souvenirs s’altèrent, l’essentiel reste: la sensation d’Amour.

La forêt nous parle. Elle a des choses à dire à ses enfants.

Ce projet prend la forme d’une installation immersive : son – images. Ce qui est présenté ici est une proposition à lire de façon non linéaire, elle s’adaptera au lieu. De plus, une bande son telle un paysage sonore, donc totalement teintée de subjectivité, est également réalisée sur le lien d’humains à la foret, et, à la montagne.

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Motherhood

« Motherhood est un giron, contenant le corps d’un enfant, des végétaux, des étendues liquides, et des bouquets de pages blanches. On y entre en faisant silence, sur la pointe des pieds, les yeux grand ouverts. Voici un espace de délicatesse que baigne, pourquoi ne pas risquer l’expression, un flux d’amour envers ce qui est, fragile, précaire et pourtant immortel. L’instant photographique est moins une saisie qu’une empreinte sur l’envol de la feuille du vivant qui passe, à la fois fugace et définitif. Motherhood invite à l’attention, c’est sans nul doute un livre bouddhiste connaissant la valeur du satori. De la poudre de perlimpinpin des nuages naissent des paysages, des forêts de feuillus, des énigmes vertes et noires. Une petite fille a les paupières closes, elle connaît le début et la fin de l’histoire, son pays se nomme le Jadis. Tout apparaît pour elle dans une forme de surprésence, parce que tout est inactuel, atemporel, vibrant en sa loi propre. Il y a ici du conte, de la peur du loup, et des filaments de lumière comme des cailloux sur le chemin. La pénombre préserve, c’est celle des parents se rencontrant sous les draps à la tombée de la nuit, parce qu’en eux bat un désir de floraison, d’union, de création. Maintenant la petite fille, bloc de volonté, inamovible en ses trébuchements mêmes, pose les pieds sur la plage, dans la tourbe, alors que Saturne fait tourner en vain sa mélancolie. Elle danse, et dans son mouvement entraîne avec elle l’ensemble du paysage. Motherhood est une musique des sphères, un éloge du terrestre, un cadeau pour qui aura la chance d’en percevoir la part d’immémorial. »

Fabien Ribéry, critique d’Art et écrivain

Prix National HIP de l'Édition Photographique 2019

Catégorie Autoédition

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Présences

Les serres municipales d’Annecy vont être détruites. Que reste-t-il des gestes, de l’alchimie et de la présence du Vivant ?

Sur invitation de l’Arteppes, centre d’Art contemporain Annecy, Laure a été conviée à réaliser une oeuvre sur et à partir de ce terrain de friche. Au milieu de plaques de verre et chassis à l’abandon résistaient encore quelques sauvages et d’autres cultivées : les plantes.

De l’invisible au visible. C’est ce mouvement de vie que l’artiste évoque avec grâce et poésie. Elle vient également questionner la notion du vivre ensemble, telle une clairière humaine, voire même druidique: un clan de résistantes se dressent devant nous en déployant leur lumière.

« Il nous faut des espaces de réconciliation il nous faut la grâce des simples, il nous faut un pacte renouvelé entre les vivants et les morts. Il nous faut des gestes qui unissent, sans craindre la solitude, ni l’exil. Ainsi l’art de Laure Maugeais en son royaume bleu, inventant la beauté d’un dispositif de révélation entre ce qui a chu et ce qui persiste dans la mémoire des lieux à la façon de traces inconscientes. Ses cyanotypes sur plaques de verre rappelant par la présence tenace et fragile des végétaux celle, ténue, des hommes, sont de l’ordre d’une plongée dans l’amniotique des rêves. A la façon d’une cérémonie secrète, ils se dressent, modestes et rayonnants, telles des stèles de lumière. Le travail sur le sensible de Laure Maugeais est pudique, délicat, de grande douceur. L’artiste a photographié des mystères, des survivances, des possibilités de guérison ou de déraison. Ces belles souveraines que l’on appelle quelquefois mauvaises herbes, mauvaises langues, quand on ne sait pas remercier l’invisible, accueillent le regardeur comme s’il était lui-même fils de prince, ou clochard céleste. »

Fabien Ribery Auteur – critique d’art et écrivain

Vues de l’installation à Larteppes, Espace Art Contemporain Annecy